Faire tourner sa machine à laver ou déclencher son ballon d’eau chaude la nuit ne sera bientôt plus forcément synonyme d’économies pour les ménages ayant souscrit un contrat d’électricité « heures pleines/heures creuses ».
La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a en effet annoncé, jeudi 6 février, la généralisation progressive des heures creuses l’après-midi en été à partir de l’automne 2025. Le point sur tout ce qui va changer.
C’est quoi, le dispositif « heures pleines/heures creuses » (HP/HC) ?
En place depuis les années 1960, le dispositif heures pleines/heures creuses (HP/HC) est une option tarifaire qui consiste à diviser la journée en deux plages horaires : 16 heures « pleines » et 8 heures « creuses », avec deux prix différents indiqués dans l’offre de fourniture. Les clients qui choisissent cette option peuvent ainsi faire des économies lorsqu’ils consomment pendant les heures creuses.
Les plages d’heures creuses sont déterminées localement par le gestionnaire de réseau - Enedis la plupart du temps - en fonction des contraintes locales. Elles correspondent aux heures où la demande est la plus faible. Actuellement, « pour environ 60 % des clients, elles sont concentrées uniquement pendant les heures de nuit, entre 20h00 et 8h00 et pour environ 40 %, elles sont réparties entre 12h00 et 17h00 d’une part et entre 20h00 et 8h00 d’autre part », indique Enedis sur son site Internet.
Pourquoi la CRE a-t-elle décidé de réformer la répartition des « heures creuses » ?
Historiquement, les heures creuses ont été placées principalement la nuit pour inciter les Français à décaler leur consommation la nuit, durant laquelle l’électricité est abondante puisque les centrales nucléaires fonctionnent 24 heures sur 24 alors que l’industrie est souvent à l’arrêt.
Mais « les changements de modes de consommation (télétravail, usages programmables) et le fort développement de la production photovoltaïque décentralisée » ont modifié « l’utilisation des réseaux et les périodes où il est opportun de consommer l’électricité », explique la Commission de régulation de l’énergie. Ainsi, la période entre 11h et 17h, où la production photovoltaïque est « abondante et peu chère », est aujourd’hui « plus propice qu’avant pour consommer l’électricité, en particulier en été », indique la CRE. À l’inverse, « certaines heures, aujourd’hui creuses, ne sont plus opportunes en particulier en début de matinée et en début de soirée ».
Qu’est-ce qui va changer concrètement ?
Les consommateurs qui ont choisi l’option HP/HC auront toujours le même nombre d’heures creuses, soit 8 heures par jour, mais une partie d’entre elles sera déplacée l’après-midi.
Dans le détail, « la majorité des clients aura désormais des heures creuses en après-midi toute l’année ou au moins l’été. Pour les clients qui verront leurs heures creuses modifiées, les nouvelles plages d’heures creuses comprendront au moins 2 heures creuses l’après-midi (11H-17H) l’été (du 1er avril au 31 octobre) », précise le gendarme de l’énergie.
Certaines plages horaires seront par ailleurs « exclues pour le placement des heures creuses », ajoute la CRE. Mais tous les clients conserveront au moins 5 heures creuses consécutives la nuit (23H-7H) et auront donc 3 heures creuses au maximum l’après-midi (11H-17H).

Le placement des heures creuses sera-t-il le même en été et en hiver ?
Pas forcément. Il pourra « être différent en été (du 1er avril au 31 octobre) et en hiver (du 1er novembre au 31 mars) pour bénéficier au mieux de l’énergie peu chère et abondante générée par la production photovoltaïque », détaille la CRE. Ainsi, plus de la moitié des foyers auront des plages horaires différenciées en été et en hiver, avec par exemple toutes leurs heures creuses au cœur de la nuit en hiver et réparties en deux périodes, l’après-midi et la nuit, en été.
Combien de foyers seront concernés ?
Sur les 14,5 millions de foyers ayant un contrat avec une option HP/HC (environ 40 % des consommateurs), 11 millions connaîtront une évolution dans le placement de leurs heures creuses, au moins en été. Ce changement concernera aussi bien ceux qui ont opté pour les tarifs réglementés de vente de l’électricité (TRVE) que ceux qui sont au prix du marché.
En revanche, il n’y aura aucun changement pour 3,5 millions de ménages, notamment les clients ayant des heures creuses de 23h à 7h, ce qui représente 1,4 million de foyers.
Au terme de la réforme, vers la fin 2027, 13,1 millions de foyers auront des heures creuses réparties sur deux périodes : l’après-midi (11h-17h) et au cœur de la nuit, au moins en été. Et 1,4 million en auront uniquement la nuit. Actuellement, ils sont 8,8 millions à bénéficier d’heures creuses uniquement la nuit et 5,7 millions à en avoir à la fois la nuit et en journée, mais certaines sont mal placées.

Quand seront mises en place les nouvelles heures creuses ?
Les nouvelles plages d’heures creuses seront progressivement attribuées à compter du 1er novembre 2025 et jusqu’à fin 2027. Si vous êtes concerné, vous en serez informé par votre fournisseur au moins un mois avant le changement effectif.
Que devrez-vous faire ?
Une fois informé du changement des plages d’heures creuses, il faudra envisager de modifier vos habitudes de consommation pour optimiser vos factures.
Les appareils connectés à votre compteur, comme votre ballon d’eau chaude, s’adapteront automatiquement aux nouvelles heures creuses. En revanche, « si certains de vos appareils sont programmés, sans être reliés à votre compteur, il faudra peut-être ajuster leur programmation le moment venu », précise la CRE.
Quels bénéfices attendus ?
Selon la CRE, cette évolution aura un triple bénéfice. Tout d’abord, elle permettra à la grande majorité des consommateurs de bénéficier d’heures creuses à deux moments de la journée, et non plus seulement la nuit. Ensuite, ce changement est bénéfique pour le réseau puisqu’il permettra un meilleur lissage des consommations.
Enfin, il pourra « induire à moyen terme une facture maîtrisée pour les clients concernés, non seulement grâce aux économies permises sur les investissements liés au réseau et sur les coûts de production, mais également grâce à des usages plus nombreux positionnés sur les heures les moins chères », ajoute le gendarme de l’énergie.