Le Premier ministre François Bayrou est dans la tourmente : ses propos, lundi sur LCI, sur un sentiment de « submersion migratoire » que ressentiraient les Français ne passent pas auprès des socialistes, pourtant décidés à faire des compromis pour trouver un budget à la France. Interrogé mercredi dans le cadre des Questions au gouvernement, François Bayrou a maintenu ses propos, provoquant la colère des socialistes, qui ne ferment pas la porte à l’idée de voter la motion de censure que va déposer la France insoumise (LFI).
Autre point d’achoppement entre le Premier ministre et les socialistes : la hausse du Smic, réclamée par le parti à la rose. Le ministre de l’Économie, Éric Lombard, était favorable à cette hausse, mais le ministère du Travail, l’Élysée et enfin Matignon, ont semble-t-il fermé la porte à cette idée, comme le révélait Les Échos jeudi soir, François Bayrou ayant même apporté son « veto ».
Interrogé par Merci pour l’info, Matignon rétorque que « le mot « veto » ne reflète aucunement l’état d’esprit et la manière dont François Bayrou discute avec tout le monde. La question d’une revalorisation du SMIC n’est par ailleurs pas un enjeu du PLF [projet de loi de finances, ndlr] et de la CMP [Commission mixte paritaire, réunie depuis ce jeudi 30 janvier pour trouver un compromis sur le budget, ndlr]. La revalorisation annuelle a déjà eu lieu en novembre [le SMIC avait augmenté de 2 %, ndlr] en prenant en compte la recommandation du groupe d’experts. Une revalorisation mécanique peut avoir lieu en cas de montée de l’inflation, pour le moment, c’est l’inverse qui est observé. »
La concertation plutôt qu’un non ferme et définitif
Depuis ce vendredi matin, les différents membres du gouvernement enchaînent les plateaux télévisés pour démentir l’idée d’un « veto » du chef du gouvernement. Éric Lombard, ministre des Finances, sur le plateau de « bonjour ! » (TF1), a formellement démenti cette idée : « Le Premier ministre n’a pas dit non ! » Il poursuit : « Le Premier ministre, avec Catherine Vautrin [ministre du Travail, des Solidarités et de la Santé, ndlr] va réunir une concertation sur les rémunérations, sur les revenus ». C’est également en substance ce qu’affirme la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, sur le plateau de « Face à face » (BFMTV-RMC), quand elle déclare que François Bayrou « n’a pas fermé la porte » à une augmentation du SMIC.
Matignon le confirme à Merci pour l’info : « Comme le Premier ministre l’a dit, les prochains mois pourront être l’occasion de se pencher, avec les partenaires sociaux, sur la question de la rémunération du travail. »
Prime d’activité, AME… Les autres sujets chauds du budget 2025
Autre sujet réclamé par les socialistes : la hausse de la prime d’activité, qui semble, elle, avoir été écartée d’emblée, s’avérant « trop coûteuse », comme le rapporte Les Échos. Réunie depuis ce jeudi à l’Assemblée nationale, la Commission mixte paritaire, qui réunit 7 députés et 7 sénateurs pour tenter de trouver un accord sur le budget, continue ses consultations ce vendredi sur la partie « dépenses » (la partie « recettes » a, elle, été adoptée).
Dernier sujet clivant, celui de l’Aide médicale d’État (AME), sur lequel même les différents membres du gouvernement ont de profonds désaccords : alors que le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau souhaite revenir dessus, Éric Lombard, lui, au micro de TF1, affirme qu’il s’agit d’une « question de santé publique », sur lequel « il est nécessaire de trouver un compromis ».
Dans le reste de la classe politique, la droite souhaite fortement réduire les budgets alloués à l’AME, ce qui serait une ligne rouge pour la gauche, y compris les socialistes. Ces derniers pourraient être amenés à voter une motion de censure, si aucune concession n’est faite en leur sens. François Bayrou fera-t-il passer le budget en force, en invoquant l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, en risquant la chute de son gouvernement ? La réponse pourrait être connue dès lundi prochain.