Le marché va-t-il garder de l’allant dans les prochains mois, malgré le repli du nombre de transactions ? La marque d’estimation immobilière MeilleursAgents constate une légère augmentation des prix dans l’ancien entre janvier et juin, à hauteur moyenne de 0,5 %, dans une étude publiée le 1er juillet (à télécharger ici).
Les prix ont connu un regain à la fin de cette période. Par exemple, dans les cinquante villes françaises les plus peuplées à l’exception de Paris, si les montants ont reculé de 0,8 % au premier trimestre, ils ont rebondi de manière équivalente au deuxième.
La progression contribue à éloigner du marché immobilier les personnes souhaitant acheter un bien. MeilleursAgents a enregistré 812 000 ventes en un an au 1er avril. D’après la marque, « le nombre de transactions réalisées sur douze mois glissants devrait passer sous la barre des 800 000 fin août ».
La nécessité d’une baisse des prix pour satisfaire la demande
« Les prix résistent, voire augmentent, c’est évidemment la raison pour laquelle les volumes sont tombés », explique le président de l’Institut du management des services immobiliers (Imsi), Henry Buzy-Cazaux, dans un entretien accordé mercredi 14 août à Merci pour l’info.
Ce spécialiste du marché juge nécessaire une baisse des prix. « La relance des volumes ne peut se faire que si les prix fléchissent », le haut niveau des taux d’emprunt pénalisant de nombreux ménages désireux d’acquérir un bien. « Certes, les salaires ont augmenté, mais pas pour le monde et pas à due proportion » de la croissance des taux, remarque Henry Buzy-Cazaux. Du point de vue du président de l’Imsi, les autres variables d’ajustement du marché ne fonctionnent pas. « Les taux d’intérêt vont-ils baisser significativement dans les prochains mois ? Non. Va-t-on avoir de puissantes mesures fiscales et financières ? Je suis très pessimiste, pour des raisons politiques, la majorité étant introuvable, et pour des raisons budgétaires », indique encore Henry Buzy-Cazaux.
En moyenne, les taux d’emprunt s’élevaient à 3,62 % en juillet, contre 3,66 % le mois précédent, évalue l’Observatoire Crédit Logement/CSA (étude à consulter ici).
« L’ajustement des prix a été suspendu dans un certain nombre de villes, il doit repartir », insiste notre interlocuteur, déplorant l’insuffisance de logements pouvant être soit acquis par des primo-accédants soit loués. « De nombreux ménages ont besoin de changer de logement, pour disposer d’une pièce en plus ou changer de localisation », souligne Henry Buzy-Cazaux. Le nombre de transactions doit remonter jusqu’à atteindre « un petit million », pour satisfaire les besoins de la population.
Stabilisation des prix dans les prochains mois, selon PAP
Mais le vœu d’Henry Buzy-Cazaux en faveur d’une baisse des prix pourra-t-il être exaucé ? Laetitia Caron, directrice générale de l’éditeur de médias spécialisés sur l’immobilier Particulier à Particulier (PAP), anticipe une stabilisation dans les prochains mois, « après la baisse intervenue en 2022, en 2023 et début 2024 ».
« Les acheteurs avaient perdu environ 20 % de pouvoir d’achat en raison de la hausse des taux d’emprunt, ils en retrouvent un peu. De plus, les banques détendent les conditions d’accès au crédit », rappelle mercredi Laetitia Caron à Merci pour l’info.
Bien que « la demande soit plutôt repartie », PAP ne s’attend pas à une hausse des prix, « sauf dans les zones littorales », qui bénéficient de l’attrait de personnes à la retraite qui peuvent payer un achat immobilier comptant.
Si elle prévoit également une augmentation dans des grandes villes comme Marseille et Nice, Laetitia Caron anticipe une poursuite de la baisse à Paris, où les prix ont reculé de 2,2 % au premier semestre, selon MeilleursAgents. « Le rapport qualité de vie/prix » s’est dégradé dans la capitale. Mais les montants ne s’effondreront pas : la Ville Lumière conserve une forte attractivité.
Un effet JO sur le marché immobilier ?
Les Jeux olympiques, qui ont pris fin dimanche en attendant les Jeux paralympiques (28 août-8 septembre), ont fait souffler un vent d’optimisme sur le pays. « C’est un peu irrationnel, mais l’envie d’acquérir un bien immobilier est un peu plus forte qu’il y a un mois », note Henry Buzy-Cazaux.
Mais le jeu est à somme nulle. « Les vendeurs sont également dans l’enthousiasme, ils ne veulent pas céder sur les prix. » Pour le président de l’Imsi, le soufflé va « de toute façon » retomber rapidement après les compétitions.