Une innovation qui pourrait révolutionner le secteur du logement social. À Bezannes, près de Reims, Plurial Novilia, filiale d’Action Logement, s’est lancé un pari fou : construire un immeuble de logements sociaux grâce à l’impression 3D. Une première en France.
Au premier trimestre 2026, les riverains de la petite ville de la Marne verront donc sortir de terre, ou plutôt d’une imprimante 3D géante, un bâtiment conçu en béton 3D. D’une hauteur de 9m de haut, celui-ci devrait abriter 12 logements sociaux pour une surface habitable de 800 m2.
Construit plus vite avec moins de matériaux
« C’est un petit peu la même chose que l’imprimante 3D que chacun peut avoir chez soi, sauf qu’elle est géante puisqu’elle va englober tout le gabarit du bâtiment à construire », explique ainsi Jérôme Florentin, directeur de la maîtrise d’ouvrage et de l’aménagement chez Plurial Novilia, auprès de l’AFP.
Dans le détail, la technologie est composée d’une tête d’impression 3D fixée sur un système de portique amovible. Celle-ci va imprimer les murs qui seront alors fabriqués en « vrai béton, avec des granulats, des cailloux qui viennent de carrières en provenance de la région », indique Jérôme Florentin.
Une invention qui permettrait d’économiser « 10 % de matériaux du fait de la liberté de design permise par la 3D avec des formes arrondies », se réjouit auprès de l’AFP Hélène Lombois-Burger, directrice recherche et développement bétons et granulats chez Holcim, participant au projet. Ce qui permet alors « d’imprimer la forme qu’on souhaite avoir, dans le bâti traditionnel on est limité avec des coffrages spécifiques à faire », expose Nicolas Bouillard, directeur régional adjoint de Demathieu Bard, l’une des autres entreprises.
Une nouvelle liberté qui permettrait de « gagner à peu près 3 mois sur le délai global par rapport à la technologie habituelle », avance le directeur de la maîtrise d’ouvrage.
Le futur HLM ?
Si le projet affiche un besoin de matériaux moindre ainsi qu’un délai de livraison réduit, il induit également un surcoût « de l’ordre de 30 % encore par rapport à un bâtiment traditionnel » dû, notamment, au béton 3D à qui « on demande de pouvoir tenir les charges et aussi d’être bas carbone », justifie Hélène Lombois-Burger.
Au total, l’investissement coûterait 4,5 millions d’euros en comprenant en plus un logement similaire construit cette fois de manière traditionnelle afin de comparer. « Mais c’est un bâtiment qui peut être livré plus tôt avec des rentrées de loyers qui vont arriver plus rapidement », insiste le maître d’ouvrage. Une nouvelle technologie qui pourrait alors répondre au besoin croissant de logements sociaux. Selon une étude de l’Union sociale pour l’habitat de septembre 2023, il serait nécessaire de construire ou de remettre sur le marché 518 000 logements par an d’ici à 2040.