Acheter vos t-shirts, pulls, pantalons ou robes en fonction de leur impact sur l’environnement sera bientôt possible. Vendredi 16 mai, la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé la validation par la Commission européenne du décret relatif à l’affichage volontaire du coût environnemental des vêtements vendus en France.
« C’est un outil essentiel pour permettre aux consommateurs de connaître l’impact de leurs achats et aux producteurs responsables de se démarquer, a réagi la ministre sur son compte X (ex-Twitter). C’est aussi une réponse forte à l’ultra fast-fashion, souvent produite dans des conditions bien moins exigeantes qu’en France ou en Europe, avec des conséquences environnementales, économiques et sociales désastreuses ». Le dispositif doit encore être validé par le Conseil d’État, « mais ce ne sera qu’une formalité », a précisé l’entourage de la ministre. La nouvelle étiquette environnementale pourra ainsi être déployée « dès le second semestre 2025 », « juste avant » ou « juste après » la trêve estivale, a indiqué le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher.
À quoi ressemblera l’éco-score ?
La nouvelle étiquette environnementale, appelée « Ecobalyse », prendra la forme d’un logo noir et blanc mentionnant une note allant de 0 à l’infini. Celle-ci traduira l’ensemble des impacts générés par un vêtement, de la production de sa matière à sa fin de vie, en passant par la teinture et la confection. Elle prendra en compte l’impact carbone, mais aussi la consommation d’eau, de produits phytosanitaires, de ressources fossiles ou encore les émissions de microfibres. Plus le score sera élevé, plus l’impact sur l’environnement sera négatif.

Comment sera calculé le coût environnemental ?
La méthode de calcul de l’affichage environnemental des vêtements s’appuie sur celle du PEF (Product environmental footprint) élaborée par la Commission européenne, qui repose sur 16 critères environnementaux parmi lesquels les émissions de gaz à effet de serre, la consommation d’eau ou la toxicité.
Laquelle est complétée par 3 autres aspects afin de couvrir l’ensemble des enjeux environnementaux :
- les émissions de microfibres ;
- l’export des vêtements en fin de vie hors d’Europe ;
- et la durabilité des vêtements.
Ce dernier critère vise directement les marques de fast-fashion ou d’ultra fast-fashion tels que les géants chinois Shein et Temu, dont le modèle économique consiste à mettre sur le marché un très grand nombre de nouveaux modèles à bas prix et à renouveler de manière quasi-permanente leurs collections.
Avec l’Ecobalyse, les habits vendus par ces entreprises se verront attribuer un score élevé. À titre d’exemple, un pull en coton fabriqué en Chine et issu de la fast-fashion obtiendra un score de 3 713 points d’impact sur l’environnement, tandis qu’un pull en coton bio conçu en France par une marque de prêt-à-porter relevant de la mode traditionnelle aura une note de 1 102 points d’impact, illustre le site internet mis en place pour effectuer le calcul, Ecobalyse.beta.gouv.fr. Pour le ministère de la Transition écologique, l’affichage du coût environnemental des habits est ainsi « une avancée majeure pour lutter contre l’ultra fast-fashion et promouvoir les productions françaises et européennes ».
Sera-t-il obligatoire ?
Non, l’affichage de l’éco-score en magasin ou en ligne se fera sur la base du volontariat. Le cabinet d’Agnès Pannier-Runacher justifie le caractère non obligatoire par la volonté de ne pas « fragmenter » le marché européen, ce qui aurait pu « rendre réticente la Commission européenne à valider le dispositif ».
Toutefois, un an après l’entrée en vigueur du dispositif, les associations de consommateurs pourront générer par défaut le coût environnemental des vêtements, si la marque n’a pas donné elle-même l’information. L’objectif étant d’inciter les entreprises textiles à plus de transparence.
Par ailleurs, les marques qui affichent déjà l’empreinte carbone de leurs textiles auront l’obligation d’afficher l’éco-score officiel, précise La Tribune.
L’industrie textile est l’une des plus polluantes au monde
Dans l’Union européenne, l’industrie du textile représente la 4e source d’impact environnemental, derrière l’alimentation, le logement et les transports, selon l’Agence de la transition écologique (Ademe). Elle représente 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit plus que les vols internationaux et le trafic maritime réunis.
Chaque année, 240 000 tonnes de microfibres plastiques sont relâchées dans les océans du monde entier en raison de la production, de l’entretien, puis de la fin de vie de nos vêtements synthétiques.
20 % de la pollution des eaux est imputable à la teinture et au traitement des textiles d’habillement dans le monde (Parlement européen).
7 500 litres d’eau sont nécessaires pour fabriquer un jean en coton, soit l’équivalent de l’eau bue par un être humain pendant 7 ans (ONU).