Chaque été, la même polémique revient au moment du versement de l’allocation de rentrée scolaire (ARS). L’aide est-elle véritablement utilisée par les 3 millions de familles bénéficiaires pour l’achat de fournitures scolaires, de vêtements ou d’équipements sportifs pour leurs enfants ?
Ou bien certaines en profitent-elles pour « acheter des écrans plats », comme l’avait laissé entendre l’ancien ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, en 2021 ? Une enquête* de la Caisse nationale d’allocations familiales (Cnaf) réalisée fin 2022 auprès de 2 000 foyers percevant l’ARS permet d’y voir plus clair.
L’ARS couvre un tiers des dépenses scolaires annuelles
L’étude montre en effet que l’ARS représente un tiers du budget scolaire annuel moyen de ces familles. Sur les 1 315 € dépenses déclarées en moyenne par enfant pour l’année scolaire 2022-2023, environ 400 € ont été déboursées lors de la rentrée scolaire, soit le montant de l’allocation de la CAF.
Concernant les dépenses effectuées, les deux tiers des 1 315 € ont été consacrés aux achats de vêtements (370 € par enfant en moyenne), à la cantine (335 €) et aux fournitures scolaires (146 €). « Presque toutes les familles bénéficiaires de l’ARS ont acheté des fournitures scolaires ainsi que des vêtements, respectivement 98 % et 96 % », indiquent les auteurs de l’enquête.
Viennent ensuite les dépenses liées à l’assurance scolaire (81 % des sondés), aux équipements de sport ou de loisirs (79 %), à la cantine (69 %), aux activités extrascolaires (63 %), aux équipements informatiques et numériques (43 %), au transport scolaire (36 %) et, dans une moindre mesure, au mobilier de bureau (23 %), à l’accueil périscolaire (22 %) et autres dépenses liées à la scolarité (4 %).
Une aide indispensable pour les familles bénéficiaires
L’allocation apparaît donc comme un coup de pouce indispensable aux ménages modestes pour faire face aux dépenses de rentrée, d’autant que la moitié des familles bénéficiaires sont monoparentales et ne reçoivent pas, dans les trois quarts des cas, de contribution aux dépenses scolaires de l’autre parent, en dehors de la pension alimentaire.
L’étude précise par ailleurs que l’ARS est la seule aide liée à la scolarité perçue par les trois quarts des bénéficiaires. Seuls 14 % ont reçu une autre allocation financière d’un montant moyen de 275 € par enfant. Certaines ont touché une aide en nature : des fournitures scolaires ou du matériel informatique.
Enfin, sans l’ARS, 2 familles sur 3 déclarent qu’elles auraient davantage réduit leurs autres dépenses, mais aussi limiter l’achat des affaires pour la rentrée, ou renoncer aux activités extrascolaires.
Ce n’est pas la première fois que la Cnaf réalise une enquête auprès des allocataires de l’ARS. La précédente, réalisée en 2013 auprès de 2 009 bénéficiaires de l’aide, livrait des conclusions similaires : 95 % déclaraient avoir utilisé leur ARS pour acheter des fournitures scolaires et 89 %, pour payer des vêtements pour leurs enfants. Ces sondages présentent toutefois deux limites : ils sont réalisés auprès d’un échantillon de bénéficiaires et reposent sur la sincérité de leurs déclarations.
* L’enquête a été réalisée par télé hone entre le 10 novembre et le 2 décembre 2022, auprès d’un échantillon de 2 024 familles bénéficiaires de l’ARS et de 303 familles dont les revenus sont inférieurs aux plafonds de l’ARS mais dont les enfants s nt âgés de 3 à 5 ans.
