L’exécutif réduit la voilure concernant les crédits alloués à la part individuelle du pass Culture. Du moins, change-t-il de cap concernant cette politique d’éducation artistique et culturelle (EAC) déployée depuis 2021 auprès de l’ensemble des jeunes Français. D’après un décret paru ce vendredi 28 février au Journal officiel, l’aide financière accordée aux jeunes de 15 à 18 ans est, depuis ce samedi 1er mars, supprimée pour les jeunes de moins de 17 ans et diminuée de moitié pour ceux atteignant l’âge de 18 ans, passant de 300 € à 150 €.
Une enveloppe culture redistribuée
Dans le détail, les jeunes de 15 ans qui pouvaient auparavant bénéficier de 20 € de crédit puis de 30 € à leurs 16 ans, recevront désormais une unique somme de 50 € disponible à leurs 17 ans. À leur 18e anniversaire, ils pourront de nouveau toucher un montant de 150 € disponible durant 4 ans, contre une période de deux ans auparavant.
Désirant axer « une partie des ressources du dispositif en fonction de critères sociaux », ainsi que le précise le décret, un supplément de 50 € est accordé aux jeunes justifiant :
- D’une allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH) ;
- D’une allocation aux adultes handicapés (AAH) ;
- Ou d’un « quotient familial de son responsable légal au cours de sa dix-septième année inférieur à un seuil fixé annuellement par arrêté du ministre chargé de la culture ».
En attendant d’être en âge de percevoir leurs crédits, les jeunes pourront dès leurs 15 ans « s’inscrire de manière anticipée sur la plateforme du pass Culture afin de créer leur compte, pour bénéficier des offres proposées gratuitement sur la plateforme », dispose encore le décret, avant de pouvoir profiter de leurs crédit à 17 ans.
Un changement de cap orienté par le dernier rapport de la Cour des comptes
Un changement de cap justifié notamment par « une situation de contrainte budgétaire » qui aurait poussé la ministre de la Culture à « recentrer les efforts sur ceux qui en ont le plus besoin », a expliqué la nouvelle présidente de la société Pass Culture, Laurence Tison-Vuillaume, à nos confrères du Monde. Selon le premier bilan du pass dressé par la Cour des comptes en décembre dernier, celui-ci aurait coûté plus de 240 millions d’euros à l’État en 2024. Les Sages recommandaient alors « la réduction du montant du crédit alloué aux jeunes de 18 ans ou le ciblage des bénéficiaires selon des critères sociaux ou territoriaux. » Un point d’autant plus nécessaire aux yeux de l’institution constatant que « les 75 % de jeunes qui ont utilisé leur pass n’ont pas dépensé la totalité de leur enveloppe de 300 €, mais en moyenne un peu plus de 250 €. »
Si la Cour recommandait une adaptation des crédits alloués aux dépenses réelles, elle suggérait de même d’accorder une plus grande place de la médiation dans la politique d’EAC. Ce que semble envisager la société Pass Culture qui prévoit d’actionner plusieurs leviers « pour diversifier les pratiques culturelles des jeunes » alors que les Sages révélaient qu’au moins « 16 % des bénéficiaires potentiels, correspondant aux publics les moins familiers des pratiques culturelles, n’ont pas adhéré au dispositif ».
Pour y remédier, Laurence Tison-Vuillaume souhaite « développer la médiation » via « un agenda et une information culturels pour tous les publics, dans tous les territoires ». Elle espère de même « renforcer l’éditorialisation de la plate-forme pour pousser les jeunes vers des expériences culturelles qu’ils ne connaissent pas » en rendant « visibles sur l’application des opérations particulières dans le domaine du spectacle vivant ainsi que la prescription des jeunes en direction des autres jeunes. »