Jusque dans les années 1990, le système de retraite italien était considéré comme le plus généreux d’Europe, jusqu’à ce que des réformes multiples viennent modifier cette image. Les nouvelles discussions autour du budget 2025 font déjà parler, puisque le ministre de l’Administration publique, Paolo Zangrillo, a annoncé, dans un entretien au très respecté Corriere della Sera, des discussions sur la « possibilité d’un maintien en activité jusqu’à 70 ans ». Une mesure qui serait basée sur « un choix volontaire réservé à ceux qui se sentent encore capables de contribuer à leur secteur », et qui ne concernerait pour l’instant que les fonctionnaires travaillant dans les administrations qui jugeraient utile de conserver l’expérience de certains salariés.
Aujourd’hui, « les employés du secteur de la sécurité et de la défense partent à la retraite à 60 ans, tandis que tous les autres partent à 65 ans avec au moins 42 annuités et je ne sais plus combien de mois de cotisations, ou à 67 ans, » rappelle le ministre Zangrillo. Très concrètement, les fonctionnaires qui souhaiteraient participer à ce programme se verraient offrir la possibilité de réaliser des activités de tutorat, coaching, ou remplir des besoins qui ne pourraient pas être satisfaits autrement, comme le détaille le rapport technique du projet. Ce dernier vante ainsi le « transfert de compétences » que cela permettrait avec les nouvelles recrues.
Les syndicats italiens inquiets
Évidemment, ce projet provoque l’inquiétude des syndicats transalpins, qui craignent que le report de l’âge légal de départ à la retraite n’ait « des effets négatifs sur ceux qui veulent partir plus tôt ». « Cela me semble être une folie car nous sommes confrontés à la logique habituelle, celle d’utiliser les retraites pour gagner de l’argent », fustige Maurizio Landini, leader de la Confédération générale italienne du travail (CGIL). « Nous ne pouvons pas imaginer demander aux personnes qui ont atteint l’âge de 67 ans de rester dans leur emploi, même si c’est présenté comme une option volontaire. »
Ce à quoi le ministre lui a répondu qu’il ne s’agissait pas « d’un forçage, mais d’une option supplémentaire ». Reste que ce sujet est un débat épineux, alors qu’un million de personnes devraient partir à la retraite en Italie d’ici 2030. Pour faire face à ces départs massifs, le gouvernement de Giorgia Meloni envisage d’embaucher 350 000 jeunes actifs en 2025, après avoir déjà recruté 173 000 personnes en 2023. Et l’Italie n’est pas le seul pays à réfléchir à son système de retraites : l’Allemagne repousse graduellement l’âge de départ de 65 à 67 ans pour les personnes nées entre 1947 et 1964. En France, la réforme de 2023, qui a mis des milliers de personnes dans la rue contre le report de l’âge de départ à 64 ans, fait toujours l’objet de vifs débats. Le nouveau Premier ministre Michel Barnier (qui, par le passé, s’était prononcé en faveur d’un départ à la retraite à 65 ans), a indiqué vouloir « ouvrir le débat sur l’amélioration de la réforme ».