Si les actifs continuent de financer l’essentiel de la protection sociale, les plus de 60 ans sont davantage mis à contribution. C’est ce qui ressort d’une note d’analyse publiée mardi 7 décembre par France Stratégie, une institution rattachée au Premier ministre. Les auteurs de la note intitulée « Qui paie le coût du vieillissement de la population » se sont intéressés aux dépenses sociales observées entre 1979 et 2019.
Les seniors, premiers bénéficiaires de la protection sociale
Premier enseignement : les seniors sont les premiers bénéficiaires des dépenses de protection sociale mais, depuis une dizaine d’années, le système est moins généreux envers eux. Avec le vieillissement de la population, la part des dépenses de protection sociale dans le PIB a augmenté au fil des décennies, passant de 25 % en 1979 à 31 % en 2019. De fait, « aujourd’hui, les dépenses liées à la maladie, aux retraites et à la perte d'autonomie des plus de 60 ans représentent les trois quarts des dépenses de protection sociale », notent les auteurs.
Pour autant, depuis le début des années 2010, la part des dépenses de protection sociale dans le PIB s’est stabilisée entre 31 % et 32 %, alors que la part des seniors dans la population a continué d’augmenter. Autrement dit, le montant des prestations reçues en moyenne par une personne de plus de 60 ans diminue depuis 10 ans.
Hausse de la part de la CSG dans les sources de financement
Cette évolution s’explique principalement par les réformes des retraites avec le recul de l’âge effectif de départ en retraite et le mode de calcul des pensions, aujourd’hui indexées sur les prix et non plus sur les salaires.
Elle s’explique également par la diversification des sources de financement de la protection sociale qui s’est traduite par « une mise à contribution plus importante des plus âgés ». L’introduction de la contribution sociale généralisée (CSG) au début des années 1990, qui pèse aussi sur les personnes âgées, a permis de réduire les prélèvements sur les revenus du travail. « On observe une forte baisse de la part des cotisations sociales au profit de la CSG et des impôts et taxes affectés », indique la note d’analyse.
Par conséquent, « si les plus de 60 ans restent bénéficiaires nets, les transferts moyens qu’ils perçoivent, nets des contributions qu’ils paient, ont progressé nettement moins vite que le PIB par tête sur la dernière décennie », poursuivent les auteurs. Ce qui a permis en retour de limiter la hausse de la contribution des actifs.
Le financement pèse toujours majoritairement sur les actifs
Pour autant, les personnes en âge de travailler continuent aujourd’hui d’assurer l’essentiel du financement de la protection sociale. En moyenne en 2019, les personnes âgées de 20 à 39 ans y ont contribué à hauteur d’environ 14 200 euros et celles âgées de 40 à 59 ans à hauteur de 19 400 euros, contre 7 900 euros pour les 60-79 ans et 5 100 euros pour les plus de 80 ans. Quant aux 0-19 ans, ils y contribuent pour leur part essentiellement via les taxes qui affectent leur consommation. Les 20-59 ans sont donc logiquement des contributeurs nets : ils paient davantage de cotisations et de taxes pour financer la protection sociale qu’ils ne perçoivent de prestations.
Le système de retraite français coûte cher, selon l’OCDE
Dans un rapport annuel « Panorama des pensions » publié mercredi 8 décembre, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) invite la France à repousser l’âge légal de départ à la retraite, actuellement fixé à 62 ans. Si « le système de retraite français offre une bonne protection » pour les plus de 65 ans, il coûte plus cher qu’ailleurs (près de 14 % du PIB). Alors que « la pression du vieillissement sur les dépenses va rester aigüe », l’organisation considère que « repousser l’âge de sortie du marché du travail est un enjeu essentiel » pour « améliorer les perspectives financières sans nuire au niveau des pensions ».