Paris et sa petite couronne, Marseille, Toulouse, Vichy, Bayonne, Avignon, Nice, Nîme, Toulon, Montpellier, Lyon... La liste des villes généralisant l'obligation du port du masque en extérieur s'allonge de jour en jour à mesure que l'épidémie de Covd-19 reprend de la vigueur. Ce vendredi, le nombre de nouveaux cas quotidiens a atteint 7 379 nouvelles contaminations, obligeant le gouvernement et les préfectures de police à durcir les restrictions.
Si l'on peut trouver quelques lignes officielles sur le port du masque à vélo ou pour les joggeurs (finalement optionnel, nous apprend la préfecture de Paris ce vendredi matin), il n'y a pas un mot sur la possibilité pour les piétons d'ingérer de la nourriture, une boisson ou de fumer des cigarettes, activités difficilement conciliables avec le port du masque.
Défaut du port du masque = amende de 135 €
Stricto sensu, manger, boire ou fumer dans un espace public vous expose donc à une amende forfaitaire de 135 €. À noter que certaines villes ne se sont pas conformées à ce montant (Hossegor vous la brade à 38 €, renseignez-vous en lisant votre arrêté préfectoral).
Cela ne semble pas poser de problème à certains élus, comme à l'adjointe à la santé de la ville de Paris Anne Souyris, qui a compris à la lettre l'obligation du port du masque : « Cela permettra aux gens de moins fumer », s'est-elle félicité auprès du quotidien gratuit Cnews. Quant à se nourrir, l'élue ne fait pas montre de plus de tolérance (sans pour autant se féliciter de nous mettre au régime) : ce ne serait pas possible sur le pouce, selon elle, mais elle invite les Parisiens à déjeuner dans un parc, en respectant les distances et en remettant son masque aussitôt son déjeuner avalé.
Une exception aux droit de manger, boire ou fumer ?
Il est parfois difficile de bien s'entendre. Le premier adjoint de la même ville Emmanuel Grégoire s’est montré moins catégorique sur France Info :
« Cela me paraît difficile de faire une mesure d'ordre général d'interdiction de fumer. Il me paraîtrait ubuesque qu'un citoyen prenne une amende pour cette raison. C’est un point de clarification qui doit être mis en œuvre. Je fais confiance à l'intelligence des policiers pour appliquer avec discernement les règles. »
Précisément, du côté de la police, qu'en dit-on ?
« On ne va pas faire des arrêtés de 300 pages pour lister les exemptions », ironise Grégory Joron, d’Unité SGP Police, à 20 minutes. « Quand quelqu’un est en train de boire, manger ou fumer, on ne va pas verbaliser », précise sans détour la préfecture de police au quotidien gratuit, expliquant que les policiers savent faire preuve de discernement. Même son de cloche dans d'autres préfectures, comme celle du Vaucluse, où Avignon suit les mêmes restrictions.
Concrètement, je risque un PV ou pas ?
Il s'agit en fait de respecter l'esprit de la loi. Cela signifie que l'on compte sur votre discernement : si vous devez manger boire ou fumer, soyez responsable et isolez-vous dans une zone peu fréquentée. Cela signifie aussi que l'on compte sur le discernement des policiers et gendarmes : si vous êtes manifestement à l'écart des flux de circulation piétons et que votre masque est prêt à bondir sur votre nez une fois votre jambon-beurre avalé ou votre cigarette écrasée, il convient aussi pour les forces de l'ordre de ne pas faire d'excès de zèle.
Si d'aventure un policier zélé venait à vous verbaliser, sachez toutefois que cela lui est possible. En effet, le décret lui donne raison et il est une norme supérieure en droit au communiqué du préfet, précise Me Jean-Baptiste le Dall à Merci pour l'info. Toutefois, si la préfecture de police du lieux de l'infraction a fait une déclaration tolérant explicitement l'exception pour manger, boire ou fumer, vous pourrez contester votre amende en plaidant l'indulgence ou la dispense de peine.