Cette décision est technique, mais elle peut toucher indirectement vos finances. Le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) a abaissé, jeudi 30 janvier, les trois taux directeurs pratiqués par l’institution.
Dans le détail, « les taux d’intérêt de la facilité de dépôt, des opérations principales de refinancement et de la facilité de prêt marginal seront ramenés à respectivement 2,75 % » à partir de mercredi 5 février, a fait savoir la BCE dans un communiqué. « Le processus de désinflation », à savoir le ralentissement du rythme de l’inflation, « est en bonne voie », justifie l’institution, garante de la stabilité des prix.
« Cette décision ne constitue pas une surprise », relève vendredi auprès de Merci pour l’info l’économiste Philippe Crevel, qui dirige le Cercle de l’épargne. Pour autant, elle est susceptible de produire différentes répercussions sur votre argent. Tour d’horizon.
Baisse de la rémunération de vos livrets bancaires, de vos comptes à terme…
Le mouvement est déjà engagé « depuis plusieurs mois », souligne notre interlocuteur, mais il va se poursuivre : la baisse des livrets bancaires et des comptes ou dépôts à terme, dont les taux sont fixés librement par les banques.
… et du livret A
Le rendement du livret A et du livret de développement durable et solidaire (LDDS), placement frère, recule de 3 % à 2,4 % samedi 1er février, confirme un arrêté pris mardi par le ministre de l’Économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, Éric Lombard. Il risque de diminuer à nouveau en 2025.
La formule de calcul de la rémunération repose sur « l’inflation en France » et sur « la moyenne semestrielle des taux interbancaires à court terme en euros (€STR) », établis par la Banque centrale européenne (BCE), selon un arrêté du 27 janvier 2021.
Dans les prochains mois, « l’inflation va rester basse, et le taux €STR va encore diminuer », prévoit Philippe Crevel. La stricte application de la formule de calcul est susceptible d’aboutir à un recul de la rémunération du livret A et du LDDS. Le gouvernement pourra cependant déroger à la règle en fixant un taux supérieur au résultat.
Pas d’effet sur les fonds en euros des assurances-vie
Le rendement des fonds en euros des assurances-vie, investis majoritairement en obligations – titres de dette – émises par des États européens ou par des sociétés va-t-il diminuer ? « La rémunération des fonds en euros n’est pas connectée aux marchés monétaires, elle obéit aux marchés obligataires », en particulier à la situation des obligations à long terme, note Philippe Crevel. D’après un article publié jeudi par Capital, « les taux directeurs de la BCE ont en premier lieu une influence sur les taux obligataires à court terme ».
Les taux longs augmentent, notamment celui de l’obligation assimilable du Trésor (OAT) sur 10 ans émise par Bercy, pénalisé par « les doutes sur la qualité de la signature française et les incertitudes politiques ». Mais notre interlocuteur constate la stabilité des rendements des fonds en euros au titre des années 2023 et 2024. Il ne s’attend pas à un bond en 2025.
Un soutien aux taux d’emprunt immobilier… freiné
Le repli des taux directeurs peut-il se répercuter sur les taux de crédit, notamment ceux des emprunts immobiliers ? « Un autre facteur de l’évolution des taux de crédit est celle des taux des obligations à long terme », remarque Philippe Crevel, notant que les premiers ont légèrement progressé « ces dernières semaines ». L’économiste estime que « l’effet positif de la baisse des taux directeurs peut être contrebalancé par l’augmentation » du rendement des taux des OAT sur 10 ans.
Selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA, le taux de crédit immobilier moyen s’élevait à 3,38 % au quatrième trimestre 2024.
