Jusqu’où le nouveau gouvernement est-il prêt à aller pour faire des économies ? C’est la question qui ressort principalement du long entretien accordé par le Premier ministre Michel Barnier à nos confrères de La Tribune Dimanche, ce dimanche 6 octobre.
L’annonce, la semaine passée, du report de six mois de la revalorisation des pensions de retraite de base, a suscité une inquiétude certaine dans les milieux sociaux contraignant le locataire de Matignon à justifier la mesure dans les colonnes de l’hebdomadaire dominical : « Je vois bien que le gel provisoire des pensions de retraite génère du mécontentement. […] Cela reste néanmoins un effort raisonnable qui traduit cet effort collectif, partagé. Les parlementaires ont la possibilité, comme sur d’autres sujets, de faire évoluer le texte, à condition de trouver des économies équivalentes, à hauteur de 4 milliards d’euros. »
Un répit pour les bénéficiaires de prestations sociales
Interrogé par la rédaction de La Tribune Dimanche au sujet d’un éventuel gel du montant des allocations en 2025, Michel Barnier a tenu à écarter cette option : « [Les prestations sociales] seront bien revalorisées aux dates prévues. »
Le Premier ministre confirme donc que la plupart des aides versées par les Caisses d’allocations familiales (CAF) et la Mutualité sociale agricole (MSA) seront bien revalorisées au 1er avril 2025, ce qui comprend une hausse du montant…
- du revenu de solidarité active (RSA) ;
- des allocations familiales ;
- de la prime d’activité ;
- de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) ;
- ou encore de l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH) ;
- et de la prime d’accueil du jeune enfant (Paje).
Une liste qui risque de considérablement s’alléger dans les prochaines années… En effet, Michel Barnier a de nouveau évoqué une réforme qui lui tient à cœur depuis 2022. Martelant la nécessité « d’encourager le travail », ce dernier a ainsi réitéré son souhait de créer une « allocation sociale unique » qui « fusionnera plusieurs prestations sociales et garantira que les personnes au travail gagnent systématiquement plus que les autres ».
Pas de gel pour le montant de l’Aspa
Mais ce n’est pas tout ! Le chef du gouvernement a également tenu à rassurer les centaines de milliers de retraités percevant le minimum vieillesse (dénommé officiellement allocation de solidarité aux personnes âgées, Aspa) : ceux-ci n’auront pas à attendre le 1er juillet pour voir le montant de leur prestation augmenter. Cette revalorisation interviendra comme prévu, le 1er janvier 2025.
Fonctionnaires, fraude sociale, AME… Michel Barnier met les points sur les « i »
L’entretien du Premier ministre dans La Tribune Dimanche ne portait pas uniquement sur le sort des bénéficiaires de prestations sociales. Le locataire de Matignon, qui va devoir affronter cette semaine une motion de censure déposée par les députés du Nouveau Front populaire, a été interrogé sur toutes les composantes de son programme.
De fait, concernant la piste de la diminution du nombre de fonctionnaires pour aider à la baisse significative des dépenses de l’État, Michel Barnier a affirmé qu’il n’y aurait pas de « coup de rabot ».
En matière de lutte contre la fraude sociale, il a également confirmé son souhait de « sécuriser les cartes Vitale en les adossant aux cartes d’identité numérique ».
Enfin, le chef du gouvernement a visiblement refusé de prendre clairement position sur deux sujets épineux : l’avenir de l’aide médicale d’État (AME) et des aides destinées à l’apprentissage. Dans les deux cas, le Premier ministre a préféré renvoyer dos à dos les parlementaires ou ses propres ministres, tous ayant des avis divergents sur ces sujets.