Et un de plus. Les récits d’arrestations de trafiquants de compteurs Linky se multiplient dans la presse depuis quelques mois. Dernier en date : celui d’un homme d’une trentaine d’années interpellé le 14 septembre à Valenciennes (Nord) alors qu’il se préparait à trafiquer un compteur électrique, relatait vendredi 20 septembre France Bleu Nord. Celui-ci repéré par l’antenne de la gendarmerie lilloise spécialisée dans la cybercriminalité, serait l’auteur de plus d’une centaine de manipulations de compteurs électriques à travers la France. Le suspect commercialisait ses services sur le réseau social Snapchat et promettait de faire diminuer la facture d’électricité de 50 à 70 % en échange de sommes allant de 200 à 400 €.
Une répercussion financière sur les autres clients
Pour l’heure, Enedis estime le montant du préjudice à 150 000 €, avant de pouvoir établir un constat plus précis. Une facture particulièrement salée pour le fournisseur d’énergie qui déplorait déjà la hausse du nombre d’actes de fraudes début septembre auprès de La Dépêche. Des trucages qui, s’ils permettent de faire baisser la facture de certains clients jusqu’à 75 %, représentent aussi « un coût supplémentaire pour le système électrique national qui doit alors être supporté par tous » via l’ « augmentation de la facture d’électricité de tous les consommateurs », explique le groupe sur son site Internet.
La dérivation du compteur électrique entraîne non seulement des risques d’électrocution pour celui qui trafique le boîtier Linky, mais aussi un risque d’incendie. « Et dans un immeuble […] cela constitue aussi une mise en danger de la vie d’autrui », condamnait Éric Salomon, directeur clients directeur clients du groupe Enedis au cours d’un entretien au Parisien.
Un jeu qui n’en vaut pas forcément la chandelle
Face au préjudice, Enedis a indiqué déposer plainte en se portant partie civile. L’homme sera donc convoqué en février prochain auprès du tribunal correctionnel de Valenciennes. Il est accusé de « vol aggravé par […] accès frauduleux et maintien frauduleux dans un système de traitement automatique de données et [par] atteinte à un système de traitement automatique de données avec risque de mise en danger d’autrui », écrit France Bleu Nord.
Pour rappel, « la soustraction frauduleuse d’énergie au préjudice d’autrui est assimilée au vol », indique l’article 311-2 du Code pénal. Ce délit peut être puni jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et un million d’euros d’amende au motif d’un délit d’escroquerie en bande organisée. C’est le cas pour les peines les plus lourdes. Toutefois, les jurisprudences « donnent 24 mois d’emprisonnement, dont 12 mois avec sursis, et 10 000 euros d’amende », écrit l’avocat Valentin Simmonet sur son site et des amendes allant de « 3 000 à 6 000 € » pour les clients. Ce fut le cas de deux hommes condamnés par le tribunal judiciaire de Besançon en décembre 2023, dont l’un « pour escroquerie en bande organisée et détérioration de bien », rappelle Enedis dans un communiqué.