« Il faut que les gens refassent le lien entre ce qu’ils payent […] et le niveau de protection », a proclamé le président de la Mutualité française, Éric Chenut, dans un entretien accordé ce vendredi 11 avril aux Échos. « Il n’y a qu’en agissant sur la dynamique de dépense de santé […] qu’on arrivera à rendre notre système soutenable », a par ailleurs plaidé le patron de la fédération des assureurs alors que le creusement du déficit de la Sécurité sociale pose question quant à de possibles serrages de vis du côté des mutuelles, comme le précise le quotidien économique.
Une remise en question du 100 % santé ?
Éric Chenut rejette d’emblée toute possibilité de « taxer davantage les mutuelles ». Hypothèse qui lui « semble complètement démentiel [le] » et « ne règle en rien la problématique du financement de notre modèle social », avance-t-il. De son côté, le porte-voix des assureurs prône davantage pour une remise en question du panier « 100 % santé », dont Emmanuel Macron avait élargi l’accès en 2021, et qui permet aux bénéficiaires de complémentaires santé responsables ou de la C2S de voir leurs paires de lunettes, audioprothèses ou soins dentaires entièrement pris en charge par l’Assurance-maladie et les complémentaires santé.
« On est dans une pseudo-gratuité où les gens ne se rendent plus compte de combien cela coûte », déplore pourtant le président de la Mutualité. Celui-ci propose au contraire d’allonger le délai pour se faire rembourser une paire de lunettes de 2 à 3 ans et celui pour bénéficier d’un remplacement d’audioprothèses de 4 à 5 ans. Selon nos confrères, le chef de la Mutualité espère également « revoir les garanties proposées dans les “contrats responsables” pour les concentrer sur le socle des soins essentiels ». En d’autres termes : mettre fin au remboursement des culottes menstruelles et abaisser celui des montures de lunettes de 100 à 30 €. Les soins dentaires pourraient de même être concernés, à en croire les informations rapportées par Les Échos. Cette redéfinition du panier de santé pourrait permettre des économies de 20 à 25 % sur les contrats pour les assurés, justifie le patron de la Mutualité.
Limiter « les soins redondants et inutiles »
Éric Chenut fustige également le système d’optique. « On continue d’ouvrir des magasins d’optique dans notre pays, alors qu’on a plus le double de la moyenne européenne […] On est sur quelque chose qui est devenu déraisonnable », déplore celui qui entend plancher sur « la pertinence des soins ». Accompagné « des représentants des professionnels de santé, ceux des patients et les pouvoirs publics », il espère de même pouvoir limiter les « soins redondants et inutiles » ainsi que la fraude.